PHOTOPHONE
Je ne sais pas pour vous, mais pour moi c’est certainement le matin que s’est installé une jolie petite routine. Comme beaucoup d’entre nous, c’est devenu machinal, je plonge mon téléphone dans le fond de ma poche, enfile une veste, chope mon sac et claque la porte d'entrée. Mes clés jouent alors leurs petites musique dans la serrure et nous voilà, mon fils est moi, sur le chemin de l’école.
En route !
Sur la route, il n’est pas rare de voir une scène qui mériterait d'être immortalisée, mais comme souvent je n’ai pas d’appareil sous la main. Un matin, mon esprit vagabondait tranquillement alors que juste sous mes yeux, tout semblait s'organiser à la perfection. Lumière, sujet, mouvement mais... toujours pas de boitier ! Instinctivement, en gratouillant mon téléphone dans ma poche, tout prenait du sens et en une fraction de seconde, je le sortis pour essayer tant bien que mal de cadrer sans regarder et sans me faire repérer !
Ce sont ces aléas et la difficulté de saisir le moment qui me motivent à la street-photo, bien que je ne sois pas encore tout à fait à l'aise avec les inconnus et leurs potentieles réactions. Mais c'est ainsi ma conception de la photo : prendre des risques ! À l'argentique, tout au 50mm ou au flash, en noir et blanc, qu'importe... à partir du moment où j'ai ma série en tête, elle sortira ! Alors pourquoi ne pas utiliser le téléphone pour ce qu'il est ? Instinctif, disponible et performant ! Bingo, la voilà la prochaine !
Noir et blanc, décentré, flou de bouger, cadrage à la voler en 3/2... Je garde tout et publie chaque jour sur Instagram LA photo qui pourrait à elle seule résumer l'extraordinaire du quotidien. 250 photos plus tard, quoi de plus logique que d'éditer dans un projet de livre photo ma série sur mon téléphone lui-même ? Je pense que oui, on peut dire que la boucle est bouclée...